Balades de FleePee





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Chez les Ibères en Hiver...
Le Retour!

18-29 Janvier 2024


Neuvième Jour:
Moratalla, me Revoilà!

    La nuit ne fut pas des plus reposantes...
J'ai les lombaires en compote, les muscles du dos courbaturés suite à la journée d'hier, je n'ai pas super bien dormi, malgré la fatigue qui s'accumule... réveillé vers 3h30, j'essaie en vain de me rendormir... au bout d'une demi-heure, je me décide à sortir pisser... je n'enfile que mes chaussures; j'ai déjà la flemme de sortir de mes sacs de couchage, alors m'habiller, bof... est-ce vraiment nécessaire?
    C'est donc le cul à l'air que je sors dans le vent froid de cette nuit d'hiver pour soulager ma vessie...
Je pense avoir réussi ensuite à me rendormir un peu, mais je n'en suis pas certain tant je suis complètement dans le pâté... je passe un temps X à comater avant de me décider à lancer un premier café...
    En inclinant ma tente pour la débarrasser des brindilles et poussières qui y sont entrées, je constate que je vois à travers la toile du sol par quelques micros trous... elle n'a pas résisté aux arrêtes du terrain de gravier du désert de Gorafe... je vérifie attentivement toute la toile de sol, et
moins de dix patchs de sctoch US plus tard, je termine le démontage de la tente...
8h15, je bois un dernier café, je n'ai plus que la moto à charger avant de décoller...


    Je prends la piste vers l'est qui mène à Moratalla.
Ce faisant, je roule face aux rayons du soleil levant. Ils traversent la forêt, éclairent les vastes plaines et sierra environnantes, parsemées de brumes matinales... je roule en toute quiétude dans ce beau décor, c'est très zénifiant!

    Arrivé sur la rue principale de la ville, j'aperçois une terrasse ensoleillée et suis bien tenté de m'y poser...
Je regarde le large trottoir
pour m'y garer, mais en même temps, je constate que tout est bien propre et bien rangé dans cette rue, et qu'il y a même quelques tout petits emplacements de stationnement pour les deux roues... une voiture y squate impunément, certes, mais je n'ai aucune envie d'être le marseillais de base, le fameux abruti Kissanbalek, et de monter me poser sur le trottoir côté bar... l'endroit reste idéal pour moi, juste en face de tables vides. Les seuls clients dehors se sont installés sur une partie couverte de cette grande terrasse.
    Je me gare, la moto ne gène pas la circulation, seulement le déplacement d'un container poubelle.
Et si la voiture part, je pousserais éventuellement la moto à sa place...
En guise de double expresso, j'ai deux cafés... j'ai vraiment des progrès à faire en espagnol!

     

    J'ai repéré depuis mon bivouac une piste à la sortie de la ville qui va me permettre de paisiblement et agréablement poursuivre ma route vers le nord; je n'ai pour l'heure aucune envie de tracer sur de grandes routes.
Je vais payer, passe aux toilettes, m'y lave les mains... c'est devenu une opération rare! C'est dans ces moments-là, avec ces petites satisfactions simples du quotidien, qu'on apprécie et prend la mesure du confort moderne... franchement, l'eau courante et le savon, c'est une sacrée invention!
    Je suis donc tout guilleret en me dirigeant vers la sortie du bar pour rejoindre ma table en
terrasse.
J'en suis à deux pas lorsque j'entends et vois une vieille grosse vachasse qui gueule à proximité de ma moto...
très énervée, descendue de son tout petit scoot, qui doit peser quatre fois moins qu'elle (le scooter est vraiment tout petit, et elle, ben... vraiment pas du tout!), elle gueule des trucs dans lesquels je comprends qu'elle demande à qui appartient cette moto qui l'emmerde profondément...
- "Esta a mi!...", je baragouine en arrivant sur la terrasse...

    Elle a enfin quelqu'un sur qui déverser sa mauvaise humeur, et je comprends que je me fais copieusement insulter. J'improvise, je
tente de l'apaiser, je ne me risquerai pas à la peser, lui montre la voiture mal garée là, tout en disant calmement:
- "El problemos, non esta mi... el problemos esta el coche..."

    Je suis assez satisfait de penser avoir réussi à composer une phrase en espagnol, même si elle doit n'être
qu'approximativement correcte, mais cela ne la calme pas du tout, bien au contraire... elle m'invective et vocifère de plus belle, bien qu'elle soit plutôt très laide...
    Je traverse la rue pour aller à sa rencontre et déplacer ma moto pour dégager la place où elle pourra mettre son petit scoot. Et elle m'engueule encore, ne m'écoute pas un brin... je trouve déjà que cela est pénible et dure un peu trop, mais Mohamem et moi restons calmes... tout en continuant à gueuler, elle en arrive à me reprocher de ne pas m'être mis perpendiculairement au trottoir, parce qu'alors, elle aurait pu se garer... je lui montre la largeur de ma bécane, et lui dit en français que même dans ce sens elle n'aurait pas eu la place de se mettre à côté de moi... je lui répète que c'est el coche el problemos... et elle continue à me gueuler dessus comme une lionne enragée, elle sort ses griffes et me montre ses dents... je me serais passé de voir de près ses grands chicots tout pourris!
J'ai un minimum de patience, mais pas du tout pour peu qu'on me souffle trop fort dans les bronches!
    Alors que si elle m'avait parlé calmement et poliment, avec un petit sourire et un "por favor" pour agrémenter son propos, elle aurait déjà été garée depuis un bail, et bien je n'ai désormais plus aucune envie de me plier à ses desiderata; du coup, je retraverse la rue pour aller chercher mes affaires et partir... et puis, alors qu'elle continue à vociférer ses insultes à mon retour, j'en ai marre... et gueule à mon tour!
- "Oh! C'est bon maintenant! Vous allez vous calmer! Si vous, vous pouvez vous permettre de vous énerver et gueuler en espagnol, moi aussi je peux me le permettre, et je peux le faire en français!"

    Je ne sais plus trop ce que je lui ai dit, mais je l'ai dit fort et avec une tête de pas content... je l'ai copieusement envoyée chier en utilisant une attitude, un niveau sonore, un style et un débit similaire au sien... ça aura au moins eu le mérite de beaucoup la calmer à défaut de la faire taire complètement (elle n'a murmuré qu'une seule phrase après ça...)... je n'ai cependant aucune raison d'en être fier... mais faut pas faire chier Gérard Lambert quand il répare sa mobylette... C'est la morale de la chanson de Renaud, moi j'la trouve chouette... pas vous? Ah bon...
    Je continue à jouer au con et prends le temps de sangler ma polaire sur la sacoche cavalière, puis de m'équiper, de remettre mon téléphone à charger sur son support. Alors que j'enfile mon casque, une femme arrive et monte dans la voiture mal garée... la vachasse la regarde mais ne lui dit rien, je démarre et la laisse mariner dans sa mauvaise humeur matinale... adios!
Fin de l'anecdote...

    Je quitte donc Moratalla.
Par une petite route, je rejoins la piste repérée.
Elle commence juste après l'entrée d'un camping... je descends de la moto et vais voir la signalisation apposée là, et comprends que la piste en question est fermée en été, qu'il y a des travaux en ce moment, mais apparemment il n'y  a rien qui puisse m'empêcher d'y rouler aujourd'hui...
    Alors j'y vais!
Et quelle bonne idée!
La piste, très roulante, passe à travers la forêt dans un site magnifique!
J'y dépasse au début effectivement une dizaine d'ouvriers et leurs véhicules, occupés sur un chantier forestier s'étalant sur 200 mètres, double une voiture et deux piétons... et puis plus rien ensuite!

         

    Je voulais prendre une bifurcation qui traverse le massif par le nord, mais lorsque j'y arrive, elle se trouve être constituée d'un épais tapis de grosses pierrasses et caillasses, et bien trop raide pour que je m'y engage sans risque... alors, je poursuis sur la piste principale, vers l'ouest. Je traverse par trois fois et trois gais gués un ruisseau et grimpe sur le massif de la rive opposée à celle du départ...
    Quelle régalade!
Juste après un col, j'ai même droit au passage de deux biches coupant la piste en dévalant la pente gracieusement, comme sur les panneaux de signalisation! J'adore!

         

    Je me fais une pause juste avant de rejoindre le bitume d'une petite route.
Elle serpente à travers le massif, offrant de splendides panoramas tout du long... l'endroit était très verdoyant, mais en en sortant, tout redevient très aride et pourtant très cultivé aussi...
Les étendues sont vastes, c'est différent mais pas moins agréable à l'oeil!

         

    Je me régale à enrouler ensuite sur de petites routes virevoltantes au travers des reliefs...
Tout est beau, j'apprécie, pour des raisons différentes à chaque fois... en plus, il y a du soleil, la lumière et les couleurs sont splendides, et je suis tout seul sur toutes ces routes!

         
         
Dédicace spéciale à ma soeur!

            

    J'agrémente le parcours en prenant une piste longeant un petit torrent, mais qui se termine malheureusement trop rapidement en cul de sac... j'espérais y trouver un endroit au soleil et m'y sustenter quelque peu, mais c'est très encaissé et intégralement à l'ombre, alors je fais demi-tour et poursuis sur la route!

         

J'arrive à Ayna, en ayant en chemin dit à voix haute 57 fois (environ!):
"Putain... que c'est beau!"

         

    Je m'y fais une pause casse-croûte bienvenue, il est 13h10...
Heureusement que j'ai fait la pause là, à la suite de toutes ces routes et pistes magnifiques, parce qu'à peine 25 kilomètres plus loin, j'entame la traversée du plateau d'Albacete, et ça, je ne le recommande à personne!
Le dernier truc présentant un intérêt avant ce plateau, c'est le château de Penas de San Pedro...
C'est clair que les châteaux en Espagne, c'est quelque chose!

    Mais ensuite, c'est laid, c'est tout droit, et n'a donc aucun intérêt! Mis à part de pouvoir faire le plein...
Je ne parle même pas de la traversée d'Albacete par son grand boulevard, son flot de véhicules et son agitation urbaine... beurk! Au secours! Fuyons!

    Le seul avantage de ces grandes lignes droites lors de la traversée du plateau, c'est qu'on peut y mener bon train... et enfin, après environ 90 kilomètres, la route se remet à être moins monotone et à tournicoter gaiement...
    J'ai décidé de rejoindre un tracé du TET.
Je fais une pause chemin faisant
à Los Isidros, à la terrasse d'un bar legèrement en retrait du bord de la route, devant lequel sont garées une bonne douzaine de motos... dont quelques BMW 1250 adventure bardées d'équipements, équipées de pneus routiers. Je note qu'elles sont toutes très propres: pas un seul grain de poussière dessus!
    Je salue les pilotes, tous en tenues de cuir aussi rutilantes que leurs machines. Mais finalement, on ne discute pas;
si on m'aborde en espagnol, je réponds en français ou anglais, mais je suis bien incapable de démarrer une conversation en espagnol et ne trouve pas évident de le faire dans une langue étrangère au pays dans lequel je vagabonde... de plus, en descendant de mon ORTC (Objet Roulant Tout Crado), leurs regards me donnent l'impression d'être un extra-terrestre, qui plus est, sale et puant...
Chacun son truc... et c'est après tout peut-être vrai qu'on n'est pas de la même planète!

    Le barman est quant à lui un espagnol ayant vécu 20 ans à Paris, il parle très bien français et, je trouve ça très drôle, avec l'accent de là-bas!
C'est quand même très plaisant d'échanger plus de trois mots avec quelqu'un!
On parle de choses et d'autres... notamment des manifestations des agriculteurs en France, ce que je découvre sur la chaîne d'info diffusée dans le bar.
Je croyais échapper aux têtes de con des hommes politiques français, mais ils sont partout!
Même à l'étranger! Pffff...
Je bois un jus de fruit, fais la vidange de ma vessie ainsi que le plein d'eau pour équilibrer le niveau des fluides embarqués et repars...
Muchas gracias!


Je découvre sur google earth le nom du bar...

    16h30, je suis sur le tracé du TET depuis quelques kilomètres, après Jaraguas.
De belles pistes roulantes, au coeur ou longeant des exploitations agricoles.
Il commence à être l'heure de trouver un coin de bivouac!

    Alors que j'arpente des pistes au milieu de champs situés entre deux collines boisées, je me dis que j'aurais plus de chances de trouver un coin tranquille en en prenant une passant dans les collines plutôt que depuis celles à leur pied... j'en vois une disparaître dans la pinède, alors j'y vais!
    Oups!
Rapidement, ça grimpe fort, c'est plein de grosses pavasses dans tous les sens, je suis bien secoué, le traction control au minimum se déclenche tout du long... je me demande en roulant si je n'ai pas fait une grosse connerie que de passer par là!
Et puis providentiellement, une fois dépassée cette bonne montée, hop!
Un petit coin plat, et je n'en demande pas plus! L
'espace est largement suffisant pour pouvoir planter la tente, même si une petite partie seulement me permettra de dormir quasiment à l'horizontale... je m'installe!
Je place la tente de manière à ce que l'emplacement de mon matelas soit au bon endroit.
Je n'ai pas de large panorama à ma disposition, ce que j'apprécie toujours, mais c'est très tranquille!

    

    Une fois le campement installé, je vais faire des photos de la fin de la montée...
D'en haut, alors que la pente se calme juste avant le replat, puis d'un peu plus bas... on y perçoit un peu l'inclinaison de la pente, la nature du terrain... on devine ma moto sur la deuxième photo...

    

    On peut toujours se faire pousser si on est accompagné et en difficulté dans une montée, mais tout seul, repartir après un arrêt dans ce type d'endroit peut devenir problématique... et je ne parle même pas de l'éventualité d'une chute ou d'une sortie de piste!
Pas facile de déterminer où sont les limites de la prudence... car je préfère ne pas trop flirter avec et conserver ainsi une marge de sécurité correcte...

      La nuit est tombée...
Un rapace nocturne hulule dans les bois
à plus de 100°C, certainement parce qu' hibou!
J'aurais bien aimé le voir...
19h30, il est l'heure de manger au chaud dans la tente... ou plutôt, au moins froid!
Il fait tout de même un peu meilleur sous la toile que dehors...
Et pour le dessert, la dernière part de ce fameux gâteau de Gorafe! Miam miam!
Diantre! Tout a donc une fin?!

    

    Demain est un autre jour!


Itinéraire Jour 9: 288 km, 9h31

       
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