Balades de FleePee





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Chez les Ibères en Hiver...
Le Retour!

18-29 Janvier 2024


Huitième Jour!

Plein les yeux!
Et plein les bras... 

    

    Opérant un mouvement inverse à celui du soir, la Lune se couche et le soleil se lève… c’est différent, mais tout aussi beau! Lumière et ombres changeantes, couleurs naissantes et calme total agrémentent mon début de journée cafeïneux...

         

    

    Dois-je passer sur le plaisir de la défécation matinale dans ces instants, face à ces panoramas?
Même si bien sûr, je ne m'attarde pas trop... j'ai quelques voisins, et j'aimerais ne pas leur offrir ce spectacle comme première vision de leur journée... en attendant qu'ils se réveillent, je profite!
Franchement, la vue sur le désert et les premiers rayons de soleil donnent une autre dimension à cette action que la vue sur une porte fermée et le bruit de fontaine du voisin du dessus qui pisse!


    Petite adaptation au terrain quand on ne peut pas planter toutes ses sardines… il y a trop de roches sous ma tente, il a bien fallu que j’improvise pour relier la tente à la dernière sardine, plantée où j'ai pu, et la plus importante; celle d’une des deux portes de la tente, et surtout celle que je veux utiliser, car à l’opposé de mes voisins du soir. La toile se doit d’être correctement tendue pour ne pas battre au vent et aussi offrir ouvertures et fermetures faciles.

    Des photos de la journée, vous allez en bouffer!
J'en ai fait un bon paquet! Je n'ai pas l'habitude de me retrouver dans un site pareil, alors autant immortaliser ces moments... 9h05, je suis prêt à commencer mon exploration du coin.
Zou!

         

    

    Je m’en prends vraiment plein les yeux, et ce, dès mon départ!
J'avance, et depuis la piste, j'ai vue sur Los Coloraos... le panorama, ses couleurs au petit matin sont vraiment fabuleux!

         

    Alors, lorsque je croise la bifurcation indiquant Los Coloraos, je m'y engage: il faut assurément que j’aille voir ça! Baignant dans l'oeuf au riz en ne me faisant aucun sushi, assis sur la moto, j'en fais une photo avant de m’engager dans la descente… dediou que c'est beau!
S
ur place, l'oeil en balaye toute l'étendue, mais les panoramas sont tellement vastes que c'est toujours réducteur de se limiter au cadre d'une photo... 
Comme il me tarde de descendre dans le canyon et de rouler sur cette piste!

    Damned!
J’aurais dû regarder avant à quoi ressemblait la piste! 
Enfin, je n'en suis pas certain, parce qu’alors j’aurais peut-être hésité à descendre... et aurais eu moins de choses à raconter!
    Dès que je bascule dans la pente, deux belles ornières la découpent, sans parler de celle qui court le long de la paroi... il faut que j'évalue très vite les choix que je peux avoir, il est hors de question de m'arrêter et de devoir ensuite aborder la chose sans avoir un minimum de vitesse, me garantissant ainsi un peu de maîtrise
de ma trajectoire et de l'équilibre de la moto... j'ai donc le choix entre:

  • rouler à droite de l'ornière de droite, sans basculer dans l'ornière qui longe la paroi de rochers...
  • rouler à gauche de l'ornière de gauche, sans sortir de la piste et me retrouver dans la pente raide, avec le risque de m'y vautrer lamentablement...
  • rouler bien au milieu des deux!

    Je choisis bien sûr la troisième option, la plus sécurisante...
Pour donner une idée de la pente, il suffit de deux épingles pour se retrouver tout en bas...
j'ai une bande de 50cm de large en moyenne pour rouler, parfois un peu plus, parfois un peu moins...
Et après la première épingle, le pourcentage de la pente s’accentue, et bien évidemment, la taille et la profondeur des ornières aussi! Je porte mon regard au loin, gère ma vitesse histoire de garder un bon équilibre… c’est tendu, je ne profite pas un brin de la vue!
Je viens de me souvenir que j'avais une caméra et suis allé vérifier: j'avais filmé! Voici donc quelques photos extraites des vidéos... sur les vidéos, ça n'a pas l'air si terrible que ça, ni si pentu que ça, ni durer si longtemps que ça... les images peuvent être trompeuses, car
pourtant, dans mes souvenirs c'est ancré comme un moment de grand stress!

     
    

Concentration maximale!
Mais je ne gère pas trop mal, puisque je me retrouve
rapidement et sans incident au fond du canyon...
Ouf!

    

    J’arpente avec soulagement et grand plaisir la piste qui y serpente, laissant certainement de côté une bifurcation qu'en passant j'ai dû juger trop hasardeux d'emprunter...
En continuant sur la piste principale, j'arrive ensuite dans une montée pire que la descente que je viens de faire!
Elle se trouve être au moins aussi pentue, mais avec bien plus de grosses pierres et de caillasse, et des ornières bien pires!

    Un autre moment de grande concentration, je n’ai droit à aucune erreur!
Merci encore une fois au traction control, qui me permet de garder une très bonne motricité sur toute la montée, merci à ce pneu arrière, qui est définitivement une très bonne surprise pour un pneu mixte quant à sa motricité quel que soit le terrain, merci à la boîte DCT, qui me permet d’avoir les deux mains bien rivées au guidon!
Mes pneus ne sont pas cramponnés, c'est peut-être pour compenser que je l'étais au guidon... c'est clair que je l'ai bien tenu!

    

    Une fois cette longue montée avalée, je me régale dans la continuité de la piste courant sur les crêtes, avec toujours les apparitions au loin de cette belle sierra Nevada enneigée luisant au soleil…
    J’arrive à une croisée de chemin, il y a des bâtiments d’élevage… soit je continue tout droit, soit je prends à gauche. Bordant la piste de gauche, un vieux panneau de bois indique "Finca Privada" à la peinture… autant, je sais ce que signifie "camino", mais "finca" ne m’évoque absolument rien, c’est la première fois que je vois une telle inscription… vu que toutes les pistes sont ouvertes dans le coin, à part une que j’ai vue en passant sur la crête avant de descendre dans le canyon, je me dis que l’adjectif "privada" ne s’applique qu’à la zone des bâtiments, et je m’engage à gauche, les longeant.

    Alors que je suis assis sur la moto, de forts aboiements agressifs me font sursauter: à peine à dix mètres de moi, deux énormes chiens de berger de format patou ne sont vraiment pas contents que je passe par chez eux, ils me le font bruyamment savoir et bondissent vers moi! Je m’apprête à donner par réflexe un grand coup d’accélérateur, histoire de ne pas me faire bouffer la jambe droite, avant de m’apercevoir qu’ils sont attachés par de solides chaînes qui les arrêtent et maintiennent à cinq mètres… heureusement pour moi!
    Je poursuis donc tranquillement mon chemin sur cette piste en montée, jusqu’à ce qu’elle soit barrée par un câble tendu…De l’autre côté, la piste par laquelle je suis déjà passé, la trace sur mon GPS est juste là…

    

    Le câble est verrouillé par un cadenas passant par des boucles maintenues par de gros serres-câbles.
J’attrape mes douilles pour tenter de les démonter, faire ensuite passer la bécane, puis les remonter... je me dis que cela pourrait être plus rapide que de devoir faire demi-tour.
    Mais les boulons sont grippés par la rouille… j’ai beau forcer, je n’arrive qu’à me faire mal aux mains, malgré les gants… Plutôt que de continuer de faire l’andouille, je range mes douilles… ça me casse les nouilles de rebrousser chemin, ça se voit à ma bouille, mais je n’ai pas le choix, je ne vais pas rester les mains dans mes fouilles: il me faudrait un enduro ou une grosse paire de trucs rimant en "ouille" pour contourner cet obstacle sans difficulté, en sortant de la piste pour passer par les talus érigés de chaque côté.
J’espère que les chiens n’auront pas été libérés de leur chaîne avant mon retour, car je n’ai pas d’autre alternative que de passer par chez eux!
    Lorsque j’arrive à leur niveau, je m’aperçois qu’il y a une troisième option d’itinéraire, qui part de l’arrière des bâtiments… je préfère la prendre car j’ai pu voir avant de redescendre que celle par laquelle j’étais arrivé se poursuit en faisant un grand détour qui ramène sur le pueblo de Gorafe… j’espère que celle que je prends sera ouverte une fois arrivé au bout!
    C’est effectivement le cas: le cadenas a été enlevé et le câble est au sol… je rejoins enfin la piste sur laquelle j’étais passé avant de descendre dans le canyon… lorsque j’arrive de nouveau à la bifurcation qui mène à Los Coloraos, je m’y rends pour prendre quelques photos, mais les deux que je prends de la descente ne rendent pas vraiment compte de la difficulté à passer par là... (voir plus haut, je n'ai pas envie de modifier!)

        
   

    L’endroit n’en reste pas moins magnifique!
Comme partout ici, d’ailleurs!
C’est un réel plaisir que de rouler dans de tels décors!

         

    Je quitte la piste principale et m’engage dans ce qui doit être le lit d’un beau ruisseau lorsqu’il pleut...
On devine cette piste sur les deux premières photos ci-dessus; elle est à son début bordée de deux parois de deux à cinq mètres de haut et ressemble vraiment au lit d’un cours d’eau asséché: creusé à l’extérieur des courbes, avec des plages de sable et de gravier sur leur intérieur. Arrivé au bout, j’atteins un petit cours d’eau… je m’attends à ce qu’il y ait un gué à passer, mais il n’y a aucune piste en face. Je rebrousse chemin et récupère la piste principale.

         



         

    S’en suit plusieurs kilomètres de montée très sportive, sur une piste bien défoncée, où je n’ai vraiment pas droit à l’erreur, là non plus... ça tire sur les bras, et c'est bien plus long que celle prise après le canyon!
Lorsque j’arrive au sommet, je vois de suite que je vais retrouver une belle piste facile, et tombe nez à nez avec une cycliste d’un certain âge (c’est à dire qu’elle doit avoir à peine 10 ans de plus que moi!), arrêtée pour faire des photos. Je la salue avec un grand sourire auquel elle répond de même, on échange quelques mots en anglais, vu que mon portugais est bien pire que mon espagnol!

         

    Sur mon GPS, il y a une petite ligne droite qui se détache du tracé. Effectivement, une grosse butte rocheuse d’une trentaine de mètres de hauteur se détache sur la gauche, avec une piste qui part tout droit à l’assaut de son sommet. Je demande à cette très sympathique cycliste portugaise si elle y est allée, si c’est un point de vue et si j’ai la place de faire demi-tour une fois là-haut.
    Yes, yes, and yes… Je n'ai pas vu arriver son mari sur ma droite pendant que je discutais avec elle... je la remercie pour ses précisions, décide d’aller voir, et, les yeux rivés sur le sommet, j'accélère un peu pour aborder avec un minimum de vitesse cette bonne montée qui se profile… de ce que je vois, il va m’en falloir à coup sûr, de la vitesse...

    Au milieu de la montée, je juge que c’est un peu trop raide et défoncé pour que cela soit sans risque que je passe. Je m'écoute illico et interromps donc mon ascension, fait lentement marche arrière jusqu'à pouvoir faire demi-tour dans la pente et rejoins la femme, sans couper le moteur pour que le ventilo continue de tourner… je lui dis que c’est un peu trop risky pour moi et ma grosse moto. Je découvre son mari... son visage est figé, il n’est pas du tout souriant, lui! Et n'a pas l'air commode...
    Caché derrière ses lunettes de soleil, il me dit que marcher, c’est bien aussi. J’acquiesce en souriant, désigne sa monture et lui répond qu’en vélo, ce doit être très bien aussi. Sa femme est désormais mal à l’aise, et le gars me sort que moi, je fais trop de bruit avec ma moto...
    Ah OK! Je n’avais pas compris qu'il me faisait la morale, alors que moi j’étais tout content de partager ma joie d’être dans ces lieux avec d’autres personnes qui en étaient heureuses elles aussi... je m’excuse donc, lui dit que je ne vais pas le déranger plus longtemps, dis good bye en direction de sa femme et pars illico presto me faire une pause à quelques centaines de mètres de lui… Je suis désolé, le véhicule avec lequel j’explore ces lieux est le même que celui qui m’a conduit à arriver à Gorafe. Je suppose que lui et sa femme ne sont pas venus en vélo depuis le Portugal!
Peu importe... il doit me juger aussi pénible que moi je le juge... je profite un peu du coin avant de repartir...

         
    

    Je continue d'arpenter les crêtes, avec toujours la sierra Nevada apparaissant à l’horizon, semblant me dire "Viens à moi!"…


         

         

    J’ai un petit pincement au coeur, sachant que ma sortie imminente du désert de Gorafe signera le début du trajet de retour vers mes pénates... et j'arrive en vue du village...

    

    Dans toute la région, il y a pas mal d’habitats comme ceux-là, plus ou moins rustiques...certains les jugent pas assez glodytes à leur goût, et d’autres trop...
J’aime beaucoup, je trouve que c'est glodyte juste comme il faut... il y en a qui ne doivent servir que de refuge et d’autres qui sont de véritables habitations… c’est toujours surprenant de voir des conduits de cheminée sortir du sol avant de voir les façades, enfoncées dans les reliefs creusés...
    Il est 13h30.
Je retourne au petit supermercado du pueblo prendre de quoi manger, me fais un sandwich avant d'envisager de repartir… r
epartir, oui, mais pour aller où?
Voilà une question qu’elle est bonne! Je n'en ai encore aucune idée!

    Je suis un peu claqué, je n’ai donc aucune envie de galérer, de perdre du temps à chercher un bivouac pour ce soir, qui pourrait de plus ne pas être idéal, faute d’avoir trouvé mieux…
Du coup, je n’ai même pas d’hésitation quand me vient cette idée tout en mâchant: un coin de bivouac parfait, j’en connais un! Et pas trop loin en plus!
Celui où j’étais avant-hier, au bord de ma ruine, dans le massif de Moratalla…
    Adjugé vendu!
Je me mets en route, le GPS indique que je suis à 193 kilomètres de ma destination finale...
Je trace, menant bon train, et contrairement à ce que peut indiquer la signalisation, el Moral est bien là et va muy bien!


    J'atteins enfin les pistes qui mènent à mon bivouac du soir...
Il est 16h30 lorsque je me pose pour le rituel de l'installation du camp.
J'avais de toute façon obligation de revenir ici: je voulais enlever avant d’en partir il y a deux jours mon balisage des bouses; dans l'impatience et le speed de l’action du départ, j’ai oublié de le faire!
Ce sera l’occasion d’y remédier demain matin...

    

    Le ciel est un peu voilé, certes, mais ce n’est pas grave du tout! 
La Lune se lève comme l’autre soir, au milieu des ramures de l’arbre derrière ma tente, et elle va être tout aussi belle qu’hier au-dessus du désert...

    Ce n’est pas parce que je n’ai plus de désert sous la main que je ne vais pas reprendre trois fois du dessert! J’adore ce gâteau maison citron/amandes, style gâteau yaourt tout moelleux… j’en avais un gros sachet, et je m’en gave!
    Dans mes réflexions du jour, je me dis que la prochaine fois que je viendrai en Andalousie, je tracerai vers le sud en faisant au plus court et rapide, histoire d’avoir plus de temps pour rouler dans la région… que j’en profiterai alors pour aller dans la sierra Nevada, pousser vers Séville… et le Portugal, pourquoi pas?
Je verrai bien, mais c’est un projet très tentant, forcément!

    Bon, à voir...
Pour le moment, demain est un autre jour!


Itinéraire Jour 8: 237 km, 9h30

       
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