Balades de FleePee





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Chez les Ibères en Hiver...
Le Retour!

18-29 Janvier 2024


Troisième Jour:
Enfin en Espagne!

 

         

    Il n'y a pas à dire, rouler en moto quand il fait beau, c'est quand même autre chose!
Il avait beau faire très frais en ce petit matin, tout de suite le soleil donne... "la même couleur aux gens", d'après Voulzy, "la banane" d'après Mohamem...
Ah oui, pardon, j'ai oublié de le préciser: toujours prêt à profiter des bons plans, il s'est invité, et j'ai beau penser que je vogue à l'aventure seul, je me retrouve en réalité seul avec Mohamem... une chance pour moi: il n'est pas trop chiant! Et même, parfois, je ne peux compter que sur Mohamem!
Alors je ne vais pas lui jeter la Première Pierre... (qui fut le premier apôtre, transsexuel, de monsieur Christ)

    Les couleurs pètent la rétine!
Saperlipo pête!
Alors, moi aussi je pête, mais avec beaucoup plus de discrétion... il n'y a que Mohamem qui s'en rende compte...
    Je vois un homme et son fils d'une dizaine d'années, posés à proximité de l'entrée d'une piste, le père sur un rocher, le fils sur un quad... Je m'y engage donc, m'arrête à quelques mètres, les salue et interroge le père:
- "Comment est la piste? Roulante?"
- "oh, oui... elle est très facile........., ... .. ........ .... .. .....!"
Il semble bien connaître, y être allé et en être revenu, je l'invite donc à se rapprocher pour me parler; parce qu'avec mon casque et mes protections auditives, je suis sourd comme impôt (sur le revenu)!
- "Elle est très facile, pas de problème avec un trail!"
OK! Bon, ben... Let's go!
"
Let's go!", Comme le disait le tchèque Spyhr, qui, tout comme William (Shakespeare), était une bonne poire.
Pour l'anecdote, ils étaient
tous les deux passés par l'Aude un jour, et avaient pu constater que l'Aude vit artisanale... mais ce n'est pas parce que c'est une bonne poire, William, qu'on peut en abuser!

    En effet, ces quelques kilomètres de pistes au nord du Boulou sont très agréables pour se mettre en jambes... ils font du bien avant d'affronter la route pénible qui me conduira sur celle de la côte, par laquelle j'ai envie de passer la frontière...

    

    Je me pose donc à Banyuls manger au soleil et face à la mer le sandwich que j'ai acheté en route.
Il est déjà 13h, ce qui me laisse 4h30 environ pour rouler...
Heureusement que le vent s'est calmé, mais il semble avoir été fort, car, comme lors de quelques compétitions footballistiques, la houle y gagne... et il n'y a pas que des gars biens, on trouve aussi quelques gabians, comme chez moi... je crois que c'est la première fois que je nourris une de ces saloperies! (j'aime pas les gabians!!!)

         

    J'enfile mes gants d'été (vive les manchons!) et me régale sur la route de la côte.
Ses innombrables courbes, ses paysages magnifiques...
Heureusement pour moi et Mohamem, nous n'allons pas en faire une maladie, car je finis par arriver à Colera!
J'avais téléchargé avant de partir une trace GPS "translittoral de nord à sud", démarrant à PortBou, premier patelin espagnol après la frontière.
    Je me fais tant plaisir à enchaîner les virages sur cette route enivrante que je fais demi-tour peu après avoir loupé la bifurcation du tracé vers une belle piste. Je m'y engage, m'y enfonce, et m'arrête faire une pause pipi/clope/photo.
C'est beau, dépaysant, très agréable... je suis zen!

    Cela fait à peine 200 mètres que je suis reparti, qu'en pleine courbe je me retrouve face à face avec un gros 4x4 lancé à fond, façon rally-raid... je freine fort, fais un écart sur ma droite, et lui aussi, nous nous évitons donc... heureusement que je n'ai pas accéléré plus fort et que la piste était assez large!
J'enroule tout pareil après cette petite montée d'adrénaline, tentant de voir à travers la poussière qui retombe si un autre véhicule est en train d'en soulever. Je ne vois rien, mais me méfie...
Dans le virage plus serré d'après, re-belote et re-grosse-montée d'adrénaline: un deuxième 4x4 essaie de rattraper le premier!
Là, franchement, ça a été très très chaud!
La piste, plus étroite, ne donnait aucun dégagement à lui comme à moi, il a bloqué ses roues, pas moi, heureusement...
On a chacun fait un écart sur notre droite, et il est passé tellement près que je m'attendais à ce qu'il touche ma sacoche cavalière...
    Quelques secondes plus tard, j'en croise trois qui roulent à allure modérée, normale... et j'en vois encore d'autres au loin en file indienne, je m'arrête à un dégagement de la piste pour attendre qu'il n'y ait plus de véhicule qui passe... tout un troupeau de chasseurs, répartis dans une vingtaine de 4x4. Un d'eux tracte une longue remorque à double essieu, d'au moins cinq mètres, dont la haute ridelle ne masque pas les pattes d'un deuxième étage de sangliers... Combien y en avait-il dans cette remorque? 50? 60?
Peu importe! Ils ont bien nettoyé les collines!
    Après ce petit épisode pendant lequel j'ai eu une fraction de seconde la pensée que mon aventure espagnole pouvait s'arrêter là, après à peine 300 mètres de piste, je me suis régalé pendant des bornes et des bornes! Les monts de Colera, El Port de la Selva, le parc national de Cap de Creus, jusqu'à atteindre Roses... la grosse majorité par les pistes...
Quels panoramas!!!

         
          
          
          
          
          

  Avec tout ça, lorsque j'arrive à Roses, il est plus de 17h...
Trouver un coin de bivouac commence à urger, je m'arrête pourtant boire un coca en terrasse...
Je repars, il doit être 17h30, la luminosité baisse rapidement... je fais le plein et me fais ensuite bien chier sur des pistes agricoles, petites routes longeant des champs et traversant des marécages... la nuit tombe, c'est tout plat, il y a trop de monde ou d'activité, c'est moche, ce n'est certainement pas là que je vais trouver mon bonheur pour planter la tente!
    Je vois au loin une colline boisée, je vérifie sur le GPS que la trace y mène, mais je lui demande de m'amener sur une piste passant au beau milieu des bois qui jouxtent l'Escala.
J'y arrive alors que la nuit est totalement tombée; je roule en plein phares dans la pinède tout en scrutant autour pour me trouver un coin...
    Après seulement quelques minutes: TWINGO! (comme le disait Richard Bullit...)
Une bifurcation mène à une grande clairière. C'est plat, assez isolé, herbeux... parfait pour ce soir!
Je nettoie un petit périmètre de ses pierres, branches, pommes de pins et installe mon camp à la frontale...
Lorsque j'ouvre la sacoche cavalière contenant mes victuailles, je m'aperçois que j'ai oublié de verrouiller ma gourde... après la bière hier, qui n'avait qu'un peu suinté mais tout salopé, c'est les trois quarts de ma gourde d'un litre qui s'est vidée dans la sacoche, bien étanche!
Heureusement, toute la bouffe était dans un gros sac plastique, mais il faudra que je sèche la doublure intérieure de la sacoche avant de la recharger... rien de grave au final, ça
retarde simplement le moment où je peux enfin me poser un peu...


    Aujourd'hui, pour mon premier bivouac espagnol, j'ai perdu la course contre le soleil... 
Il était parti avant moi, alors c'est un peu normal... C'est suffisamment rare, voire unique, pour le souligner:
C'est certainement le seul des astres qui soit positif!

Quant à moi, j'essaierai de faire mieux demain...
Demain est un autre jour!


Itinéraire Jour 3: 236 km, 9h
       
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